Randonnées sur les volcans du nord de la Nouvelle-Zélande
Après 2 mois de randonnées dans l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, il était temps pour nous de fouler le sol de l’île du Nord. D’après nos compagnons voyageurs, on la savait différente de sa voisine; moins montagneuse, sans doute moins sauvage, mais avec une variété de paysages exceptionnelle! Au grès des zones volcaniques de cette île, on vous amène sur les sentiers de randonnée que l’on a préférés !
Nos randonnées sur l’île du Nord
• Randonner sur des terres volcaniques
• Comment randonner dans une région volcanique sans risque?
• Randonnées sur les flancs du Mont Taranaki
• Quel sentier de randonnée choisir pour voir le Mont Taranaki?
• Randonnée de 2 jours - Syme Hut, Mount Taranaki
• Le Parc National du Tongariro
• Quelle randonnée choisir pour explorer le Parc du Tongariro?
• Tongariro Alpine Crossing
Randonner sur des terres volcaniques
L’île du Nord est réputée pour son activité volcanique. Rien que dans le Parc National du Tongariro par exemple, se trouvent pas moins de 3 volcans encore en activité: le Tongariro, le Ngauruhoe et le Ruapehu. Et comment ne pas mentionner White Island! Située dans le même alignement vers le Nord, cette petite île n’est autre qu’un volcan émergeant de l’océan. Celui-ci a encore prouvé son activité en entrant en éruption en décembre 2019, prenant au piège les touristes venus l’explorer. Conséquence logique de cette activité volcanique, une zone à forte activité géothermique se trouve entre le Tongariro National Park et White Island. On y trouve notamment le Thermal Wonderland de Wai O Tapu, où l’on peut observer les activités géothermiques et les plus importants geysers de la région.
Voilà de quoi diversifier ses terrains de balades et randonnées!
Comment randonner dans une région volcanique sans risque?
La première étape est bien entendu de se renseigner correctement sur les conditions. Finalement, nos conseils restent les mêmes que pour préparer une randonnée en montagne, en ajoutant le paramètre volcanique. On ne peut que vous conseiller de vous rendre dans un bureau du DOC ou un Visitor Center avant votre randonnée; vous y obtiendrez des informations sur les éventuelles activités sismiques ou volcaniques bien entendu, mais aussi des prévisions météo précises.
De par leur altitude, les sentiers sur les volcans de l’île du Nord sont soumis aux mêmes conditions que le milieu alpin de l’île du Sud: les températures chutent considérablement en prenant de l’altitude, et les conditions météo peuvent changer brutalement. Pensez donc à adopter la règle des 3 couches pour vos vêtements (1: respirante, 2: chaude, 3: imperméable au vent et à la pluie), et à prendre suffisamment d’eau et de nourriture avec vous.
Au sujet de l’eau justement, avis à ceux qui ont pour habitude de s’abreuver dans les ruisseaux et lacs de montagne: spoiler alert, les cours d’eau sont rares sur les flancs de ces géants de feu! Et les seuls lacs que l’on ait vus pendant nos randonnées à travers le Tongariro National Park dégageaient une forte odeur de souffre... Alors mieux vaut être prévoyant et prendre au minimum 2 litres d’eau par personne pour une randonnée à la journée !
Randonnées sur les flancs du Mont Taranaki
Aussi appelé Mont Egmont, ce volcan est le plus atypique que nous ayons vu jusqu’ici. Il n’y a qu’à le visualiser sur une carte indiquant le relief pour le comprendre ! Ce mont haut de 2518 m et à la forme conique presque parfaite se dresse au milieu d’une plaine, sans aucun autre relief à des dizaines de kilomètres à la ronde.
On se souvient encore du moment où nous l’avons aperçu pour la première fois, alors que nous étions au volant de notre van. Avec son anneau de nuages (très souvent) accroché à son sommet, on ne se lassait pas de l’admirer pendant cette partie de notre road trip.
Cela doit probablement être d’autant plus impressionnant en hiver, lorsque la neige recouvre son sommet; une piste de ski y est alors emménagée. Dévaler les pentes en snowboard, puis filer surfer à la plage voisine aussitôt en bas, ça vous tente?! Une expérience unique, dont seule la Nouvelle-Zélande a le secret!
Pour notre part, nous étions en plein été lorsque nous nous somme lancés sur les flancs du Mont Taranaki. Nous avons dû attendre quelques jours avant que la météo ne soit favorable. Comme évoqué plus haut, des nuages sont souvent accrochés à ce volcan; alors que le temps est parfaitement clair sur la plaine, les sentiers du Mont Taranaki sont alors pris dans le brouillard ou la pluie. Après nous être renseignés auprès du DOC, nous avons appris que ces nuages sont là quasiment tous les jours à partir de midi. C’est d’ailleurs dans le brouillard que nous avons terminé notre ascension ce jour-là!
Quel sentier de randonnée choisir pour voir le Mont Taranaki?
Le sentier le plus emprunté est celui qui mène au sommet. En plein été, on vous conseille donc de partir le plus tôt possible, pour éviter la foule mais aussi pour arriver en haut avant les nuages et pouvoir profiter de la vue!
Cet itinéraire est considéré difficile de par sa longueur, son dénivelé mais aussi à cause du type de terrain. Comptez minimum 5 heures de marche et 1600m de dénivelé, pour une distance de 6,3km. Ensuite bien entendu, il faudra redescendre. La difficulté est accrue par le sol très friable, fait de petits graviers et de poussière. Par endroits, vous aurez l’impression de redescendre autant que vous montez...! Mais le jeu en vaut la chandelle: ce n’est pas tous les jours que l’on peut marcher sur le cratère d’un volcan! Sans compter la vue bien entendu, qui est imprenable, avec la mer Tasman, la forêt et le Parc National du Tongariro au loin. Vous trouverez de précieuses indications sur cet itinéraire sur le blog de Wonder Trip.
D’autres itinéraires, plus longs, permettent d’atteindre de jolis points de vue sur le volcan. On pense notamment au populaire Pouakai Circuit, qui se parcours en 2-3 jours. Ce sentier de 25km passe notamment par un petit étang dans lequel le volcan se reflète à la perfection. Si vous cherchez plutôt une petite balade offrant de jolis points de vue sur le Mont Taranaki, le site du DOC en propose plusieurs.
Enfin, une autre option est de monter jusqu’à la Syme Hut, un petit refuge non gardé situé sur le flanc Sud du volcan. C’est ce sentier que nous avons choisi, et que nous vous conseillons!
Randonnée de 2 jours - Syme Hut, Mount Taranaki
Cette petit hut, perchée sur le Fanthams Peak à 1966m, est la plus haute hut du DOC que l’on puisse trouver aux abords de ce volcan, et même de toute l’île du Nord. La vue qu’elle offre sur le sommet est imprenable, en particulier au coucher et au lever de soleil. C’est pourquoi nous avons décidé de réaliser cette randonnée sur 2 jours, et de passer la nuit dans la hut.
Tout comme sur le sentier principal, le terrain friable rend l’ascension plutôt difficile sur la dernière portion. Le début en revanche est bien emménagé, avec un sentier bien marqué suivi d’escaliers en bois. Nous avons croisé peu de monde sur cet itinéraire, et la vue derrière nous au fur et à mesure que l’on montait était imprenable!
Après environ 4h d’efforts, nous sommes arrivés à la porte de la Syme Hut. Bien emménagée et isolée, cette hut de 10 couchages se trouve sur un petit plateau. De là, la vue sur le sommet qui est maintenant tout près est impressionnante! Et ce soir-là, nous avons même pu bénéficier de cette vue 5 étoiles pour nous tous seuls!
Au coucher du soleil comme au lever, les lumières viennent souligner les couleurs rouges de la terre volcanique.
Pour la petit histoire, quand nous sommes arrivés à la hut ce soir-là, nous avons vu qu’un sentier semblait tracé entre la hut et le cratère (marqué par les pas de précédents randonneurs). Nous avions lu que cette ascension était très fortement déconseillée (pour ne pas dire interdite), et avions donc prévu d’emprunter le sentier principal un autre jour pour aller au sommet. Cependant cette petite trace nous a laissé penser que nous pouvions tenter l’ascension depuis la hut. Au petit matin, le temps étant parfaitement clair, sans vent et sec, nous avons décidé de tenter. Si cela devenait trop difficile, nous nous étions promis de faire demi-tour pour ne pas prendre de risques. Oui mais voilà... La montée bien que difficile par la raideur de la pente, ne présentait pas vraiment de danger; avec les bâtons, nous avons réussi à atteindre le cratère plus rapidement que nous pensions. Cependant le terrain était très friable, et nos pieds redescendaient à chaque pas. Mais grâce aux bâtons, nous ne glissions jamais plus que d’un pas. Pour ce qui est de la descente, cela a été une toute autre histoire! Ce terrain friable s’est révélé être un véritable danger!! Les bâtons ne nous étaient alors plus d’aucune aide (en tous pas suffisante), et nous glissions dans ces graviers poussiéreux sans avoir quoi que ce soit pour nous raccrocher. Après moins d’un tiers de descente, la pente était si raide que Jules a chuté, puis glissé sur plusieurs mètres emporté par le poids de son sac. Tous les rochers qu’il essayait de saisir pour s’accrocher ne faisaient que s’ébouler avec lui... Quant à moi (Sandie), je n’ai plus osé bouger par peur de faire comme lui. Il nous a fallu de longues minutes pour faire redescendre la panique qui nous gagnait et tétanisait nos jambes, pour finalement réussir à se laisser glisser tant bien que mal jusqu’à une zone moins raide. Nous avons sérieusement envisagé d’appeler les secours... Alors surtout, ne faites pas comme nous, ne vous faites pas avoir par cette trace !! (On rappelle encore une fois que les conditions météorologiques étaient parfaites; imaginez si le brouillard avait été de la partie !)
Si vous voulez vivre un peu de cette aventure avec nous, voici la vidéo retraçant notre randonnée sur le Mont Taranaki!
Le Parc National du Tongariro
Le Parc National du Tongariro est le premier Parc National à avoir été établi en Nouvelle-Zélande, en 1887. Depuis, il a également rejoint les rangs des sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. Le parc compte en effet 3 volcans en activité, qui composent de magnifiques paysages, mais qui ont aussi une signification importante dans la légende Maorie.
Le plus haut des 3 volcans, qui est d’ailleurs la plus haute montagne de l’île du Nord, est le Mont Ruapehu. Du haut de ses 2797 mètres, il est l’un des volcans les plus actifs au monde. Son altitude lui permet d’abriter les plus grandes pistes de ski de l’île du Nord.
Le plus petit est le Mont Tongariro et ses 1967 mètres. Celui-ci est cependant le plus attrayant (en tous cas à nos yeux) car il abrite les lacs Émeraudes et le lac Bleu, ainsi que le fameux Red Crater. Ces 3 points d’intérêt sont visibles depuis le sentier du Tongariro Alpine Crossing dont nous parlerons plus bas.
Enfin le Mont Ngauruhoe, haut de 2287 mètres, est le volcan le plus actif de Nouvelle-Zélande car il est le plus jeune. On le reconnaît facilement par sa forme conique presque parfaite, mais aussi sans doute parce que c’est le plus célèbre des 3 volcans du parc national... Et pour cause: c’est lui qui a eu l’honneur d’être choisi pour incarner la « montagne du destin » dans le Seigneur des Anneaux! Ce n’est pas un secret, cette Saga de Peter Jackson fait se déplacer les fans du monde entier jusqu’en Nouvelle-Zélande pour se rendre sur les lieux du tournage; le parc National du Tongariro n’y a pas échappé!
Quelle randonnée choisir pour explorer le Parc du Tongariro?
Après cette petite présentation, rentrons dans le cœur du sujet: la randonnée.
Le parc abrite l’une des 9 Great Walks néo-zélandaises: le Tongariro Northern Circuit. Ce sentier de randonnée de 43km se parcours en 3 à 4 jours, avec des étapes en huts ou campings chaque soir. Après notre expérience sur une autre great walk, la Kepler Track, nous ne souhaitions pas renouveler l’expérience... Les great walks sont très fréquentées en haute saison, et les frais de réservation des huts et campings sont exorbitants.
Voilà pourquoi nous nous sommes intéressés à l’autre sentier iconique du parc du Tongariro: une randonnée à la journée nommée le Tongariro Alpine Crossing.
« La plus belle randonnée du monde ». Voilà le type de superlatif que nous avons pu lire au sujet de la Tongariro Alpine Crossing! Autant vous dire qu’il n’en fallait pas plus pour nous donner envie de nous faire notre propre avis sur cet itinéraire de randonnée à la journée.
Et bien si, et cette raison est très simple: des milliers d’autres randonneurs veulent eux aussi voir ce site exceptionnel de leurs propres yeux ! Randonneurs, ou simplement fans du Seigneur des Anneaux prêts à affronter les presque 20km pour rejoindre la Montagne du Destin à leur tour! Toujours est-il qu’en pleine saison, ce sont donc des centaines et des centaines de personnes qui partageront le sentier avec vous. D’après le DOC, ce sentier est aménagé pour accueillir jusqu’à 600 personnes par jour (ce qui est déjà énorme!), mais le nombre de randonneurs peut atteindre les 3000 en haute saison! Oui, vous avez bien lu: 3000 randonneurs. Même répartis sur la longueur du sentier, cela reste donc un site très fréquenté...
Voilà pourquoi nous avons choisi, comme pour notre randonnée à Roy’s Peak, de partir pendant la nuit pour atteindre le sommet au moment du lever du soleil.
Tongariro Alpine Crossing
Vers 3h du matin, nous nous élançons donc sur le sentier au départ du parking Mangatepopo. Notre objectif est d’atteindre le point le plus haut du parcours, près du Mont Tongariro, puis de redescendre par le même chemin. Le retour d’expérience de précédents randonneurs nous a en effet permis de savoir que cette partie de l’itinéraire était la plus intéressante.
À noter que le Tongariro Alpine Crossing est normalement un itinéraire en aller simple, rejoignant le parking Ketetahi. Une navette doit donc être organisée à l’avance pour vous y récupérer. Vous pouvez ainsi laisser votre voiture sur l’un des deux parkings et vous faire déposer par la navette, ou même organiser votre transfert depuis la petite ville de National Park si votre hébergement s’y trouve. Vous trouverez sur ce site toutes les informations concernant les tarifs et les modalités de réservation pour les navettes.
La première partie du sentier est très facile à suivre, même de nuit. En réalité, le sentier est très bien marqué sur sa totalité, sans surprise quand on connaît les sentiers de randonnées du DOC néo-zélandais! Le chemin sec et large de la première section laisse rapidement place à des passerelles en bois, permettant de traverser facilement des zones plus humides. L’itinéraire chemine alors à travers la vallée.
Cette nuit-là, grâce an la clarté de la lune, on devine les flancs de montagne majestueux autour de nous!
Au fond de la vallée, le dénivelé commence. Les passerelles en bois deviennent alors des escaliers. Grâce à eux, on gagne rapidement en altitude sans que nos pas ne soient gênés par quoi que ce soit!
Nos efforts sont récompensés une première fois lorsque les escaliers débouchent sur un grand plateau. La lumière commence déjà à s’intensifier sur l’horizon, nous dévoilant de plus en plus ce paysage presque lunaire qui nous entoure: de la pierre volcanique à perte de vue, et le mont Tongariro à notre droite.
Nous entamons la dernière partie de notre ascension, cette fois sur un terrain un peu plus accidenté. Le chemin en terre rouge est ponctué de rochers; à cette heure-ci, la terre est très dure et est en train de geler à la surface. Chaque pas doit être mesuré!
N.B.: il y a déjà eu des décès sur cette partie de l’itinéraire. Des randonneurs mal préparés, avec des chaussures sans semelle adhérente (type sneakers ou chaussures de running), et une tenue trop légère. Un coup de fatigue, une hypothermie ou un simple pas mal assuré, et c’est la chute! On pense notamment à cet homme retrouvé à cet endroit en octobre 2018, après avoir chuté de plusieurs mètres et être finalement mort d’hypothermie... D’où la nécessité de s’équiper et de se préparer correctement, même pour une randonnée à la journée!
Finalement, nous atteignons le point culminant quelques minutes avant le lever du soleil. Les lacs émeraudes sont juste en contrebas, le red crater est à notre droite, et l’horizon flamboyant illumine peu à peu le tout; magique ! Et pour couronner le tout, nous sommes seulement 4 à admirer ce spectacle.
On entame notre retour en revenant sur nos pas sans trop tarder; malgré le soleil qui nous réchauffe un peu, les températures sont bien basses ici, et le vent glacial! Entre temps, les premières navettes ont déposé les premiers randonneurs de la journée au parking Mangatepopo. Tout au long de notre descente, il nous a donc fallu faire preuve de patience pour emprunter les escaliers; les centaines de randonneurs se suivaient en effet à la queue-leu-leu, et venaient tous dans le même sens. C’était la première fois que nous voyions autant de monde sur un sentier!
Malgré tout cela reste un paysage unique, qui vaut selon nous largement la peine d’être découvert. Si comme nous vous voulez en profiter de façon plus exclusive, vous savez ce qu’il vous reste à faire... vous lever (très) tôt!
Alors, prêts à affronter à votre tour les sentiers de randonnée sur les volcans Néo-Zélandais?